Réaliser un atelier d’idéation en 5 étapes clés

par | Sep 3, 2021

Source image : https://unsplash.com/photos/qFpnvZ_j9HU / Crédits: Hugo Rocha

On souhaite tous trouver l’idée, la bonne idée qui fera la différence et qui répond à un problème lié à un service, à un produit. Seulement, générer des bonnes idées n’est pas une chose simple. Les ateliers d’idéation sont indispensables pour activer le processus de création et d’innovation.

Selon le Nielsen Norman Group (NNGroup), l’idéation est « un processus qui consiste à générer un large éventail d’idées sur un sujet donné, sans aucune tentative de les juger ou de les évaluer ». C’est le moment dédié à la stimulation de la créativité d’un groupe et favorable à la génération d’un maximum d’idées.

Pour la suite de l’article, nous allons nous mettre en situation concrète. Au sein de Caduciel/Unydev, nous sommes souvent amenés à réaliser des ateliers d’idéation avec des pharmaciens sur le thème de « l’innovation au service du pharmacien ». Ces opérations s’inscrivent dans un process de conception global, centré sur l’utilisateur, en vue de réaliser des services et/ou produits innovants.

 

Qu’est-ce qu’un atelier d’idéation ?

Un atelier d’idéation est une séance créative collective permettant de générer de nouvelles idées. L’objectif est de produire le plus d’idées possibles : soit de la quantité plutôt que de la qualité. Les idées générées lors de ces ateliers seront évaluées plus tard. Ceci permet aux participants d’être libres et de ne pas se soucier des contraintes techniques et/ou de la faisabilité.

Lors des ateliers d’idéation, quelques règles sont à respecter :
– Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises idées
– Rebondir sur les idées des autres : « Et si » à la place de « mais »
– Pas de censure, pas de critique
– Une seule discussion à la fois
– Pas de limite, les idées les plus folles sont les bienvenues

 

Pourquoi faire un atelier d’idéation ?

Monopoliser une équipe sur un atelier de 45 min à 1h30 peut paraître coûteux. Pourtant, il y a de nombreux bénéfices à réaliser ces ateliers d’idéation.

Un atelier d’idéation a pour enjeux :
– de se focaliser sur l’utilisateur et d’améliorer l’expérience utilisateur
– d’avoir différents points de vue sur un même sujet
– d’explorer le potentiel d’une équipe pluridisciplinaire
– de penser en « dehors de la boîte » grâce au non jugement des idées

Lors de ces séances créatives, on sort du cadre, on regarde le problème sous des angles différents et on explore des horizons inexplorés. Chacun s’approprie l’idée énoncée. Puis, par effet de rebond et en confrontant nos expériences, nos compétences et nos sensibilités différentes, l’idée se développe. Un atelier permet d’avoir un large panel d’idées qui sera approfondi dans la suite du processus de conception. Finalement, les contours d’une solution optimale et centrée utilisateur se dessine lors des ateliers d’idéation.

 

Étude de cas : 5 étapes clés pour réaliser un atelier d’idéation

Pour la suite de l’article, nous allons nous mettre en situation concrète. Au sein de Caduciel/Unydev, nous avons dû réaliser des ateliers d’idéation avec des pharmaciens pour un client. Pour mener à bien ces ateliers d’idéation réalisés à distance par visio, nous sommes passés par différentes étapes présentes ci-dessous :

1/ Définir un cadre
Cette étape permet de définir l’organisation, le planning, les rôles (ex. modérateur, animateur, scribe) pour la préparation et la réalisation de l’atelier. C’est également à ce moment qu’on définit les attentes, par exemple l’analyse et la restitution qui va en être réalisée aux différentes parties prenantes. Comme pour tout projet, on identifie avec soin la communication qui doit être organisée pour inviter les participants et pour leur restituer les analyses qui doivent être engageantes pour la poursuite de la démarche de développement.

2/ Inviter des utilisateurs
Il est important de savoir qui connaît les utilisateurs. Vous pouvez demander de l’aide à vos collègues du marketing ou du service client qui connaissent les utilisateurs et qui sauront vous fournir des informations clés. Maintenant, il est temps de définir une liste d’utilisateurs à inviter en atelier. Lorsqu’on établit cette liste, il est intéressant de se poser cette question : Qui peut apporter une vision différente lors de l’atelier ? Il est nécessaire de sortir du cadre pour avoir des points de vue différents sur un même sujet. Même si on souhaite un groupe d’utilisateurs avec des profils diversifiés, il est appréciable de se limiter à un nombre de participants : 7 à 9 en présentiel et 5 à 6 en visio. Une session d’atelier avec trop de participants peut entraîner certains problèmes comme une répartition de la prise de parole inégale, des utilisateurs ne se sentant pas à l’aise pour parler, pour partager ses points de vue et/ou ses idées…

3/ Choisir les outils d’idéation
A présent, on doit définir les outils à utiliser pour mener à bien les ateliers d’idéation à distance. Nous avons décidé d’utiliser Miro. Cet outil en ligne permet de créer un tableau blanc virtuel afin de collaborer visuellement. Pour réussir à mener un atelier dans le temps défini et à mettre à l’aise les utilisateurs, il est primordial de chronométrer les étapes et de faire attention à ce que l’atelier reste un espace neutre.

Un atelier se déroule de la manière suivante :
– Une courte introduction expliquant à quoi sert l’atelier et le déroulement de l’atelier (3 à 5 minutes)
– Un ice-breaker (5 à 10 minutes)
– Cadrage du problème (5 à 10 minutes)
– Technique(s) d’idéation (temps variable)
– Synthèse et retour de l’atelier (10 minutes)

Pour préparer l’atelier d’idéation, nous avons recherché les différents outils existants. Prenez ce temps de recherche car il permet de découvrir de nouveaux outils et/ou d’affiner le déroulement d’un outil. Voici quelques outils d’idéation possibles : le mind map, le brainstorming inversé, les chapeaux de Bono, le storyboarding… Notre choix s’est porté sur quelques outils en prenant en compte différents paramètres : le nombre de participants, la problématique abordée en atelier et la contrainte de la distance. Vous pouvez utiliser entre 1 à 3 outils d’idéation dans un même atelier ; tout dépend de l’objectif, du temps et la problématique abordée.

Il est fondamental de garder en tête le côté libérateur du jeu. Ceci favorise de véritables déclics qui entraînent un réel changement d’état d’esprit des participants et donne à chacun la possibilité d’être un véritable acteur dans l’atelier.
Prenons un exemple l’outil d’idéation : les chapeaux de Bono. Derrière le côté ludique, il y a une notion sérieuse de canalisation de la pensée. Cet outil force à adopter un mode de pensée parfois contre nature. En effet, nous tentons toujours d’en faire trop à la fois, et lorsque nous réfléchissons, nous avons tendance à laisser venir naturellement nos pensées dans l’ordre où elles nous apparaissent. Notre flux de pensées prend alors le dessus sur notre bon sens et nous mélangeons tout : émotion, information, logique, critique… Résultat : nous sommes dans le flou car notre pensée n’est ni construite, ni constructive. Il faut diviser la réflexion en 6 phases bien distinctes, (chacune représentée par un chapeau de couleur), afin d’encadrer notre façon de penser et de sortir de notre mode de pensée habituel. La démarche est la suivante : chaque membre du groupe doit mettre un chapeau imaginaire à la fois ; puis réfléchir à une problématique donnée en endossant la façon de penser qui correspond au chapeau que l’on porte.

Voici un schéma expliquant les différents chapeaux de Bono :

 

Source image :  https://www.lescahiersdelinnovation.com/les-six-chapeaux-de-bono/

4/ Tester la méthode en équipe (facultatif)

Afin de vérifier le déroulement de la séance, la maîtrise des différents rôles et la sélection des outils, nous avons demandé à quelques collègues de Caduciel/Unydev de jouer le rôle des utilisateurs. Nous nous sommes rendus compte que Miro peut demander un temps de prise en main et d’apprentissage. Dans le but de ne pas perturber les utilisateurs le jour J, nous préférons écrire à leur place (rôle de scribe) et partager notre écran afin qu’ils puissent voir le déroulement de l’atelier ainsi que les notes prises tout au long de l’atelier. Nous souhaitons que l’échange, le dialogue entre les utilisateurs, soit le centre de ces ateliers d’idéation. Grâce à la reformulation, nous pouvons rendre leurs idées plus accessibles et favoriser le rebond.

5 / Jour J : Réaliser l’atelier avec les utilisateurs

L’ice-breaker, « le mur des humeurs », a permis de mettre à l’aise les différents participants. Chaque participant a pu positionner son humeur par rapport à une question donnée. Il est essentiel de souligner que la réussite de l’atelier dépend en partie du fait de mettre à l’aise les participants.

L’atelier d’idéation se déroule en 3 grandes phases : Divergence, Exploration et Convergence.
1- La divergence est le moment d’ouverture (des esprits, des perspectives) où foisonnent les idées et les informations. Esprit critique et scepticisme n’ont pas lieu d’être dans cette phase initiale. Le chapeau bleu permet d’encadrer et d’accompagner cette première phase. La reformulation des idées et leur saisie sur des étiquettes sous Miro permet de construire une première cartographie des idées.
2- L’exploration est le moment où les différents états d’esprit permettent d’analyser une idée sous les différents prismes et de la développer. On reste plus longtemps dans cette phase à analyser les idées en portant les différents chapeaux de couleur.
3 – La convergence (retour au chapeau bleu) est le moment de la synthèse. On évalue les idées développées et on imagine une suite jusqu’à définir un plan d’actions pour les prochaines étapes.

On termine l’atelier par un feedback des participants pour connaître leur avis sur le déroulement de l’atelier et leur niveau d’adhésion à la démarche. Ceci permet de récupérer leurs retours dans l’objectif de nous améliorer en continu.


Et après, on fait quoi de toutes ces idées ?

Après la réalisation de ces ateliers, vous devriez vous retrouver avec plein d’idées sur lesquelles travailler. Avant de démarrer le prototypage et/ou des tests avec des utilisateurs, il est nécessaire de passer par une phase d’analyse et de documentation des idées collectées. En équipe pluridisciplinaire, vous évaluez les idées par rapport à deux critères : la faisabilité et la priorisation ; c’est-à-dire les idées qui méritent d’être mises en avant et qui sont techniquement réalisables.

Sources
– https://www.nngroup.com/articles/ux-ideation/
– https://miro.com/online-whiteboard/
– https://serious-games.com/game/mur-dhumeur/
https://blog-bloomr.org/2020/10/22/creativite-chapeaux-de-bono/
– https://www.lescahiersdelinnovation.com/les-six-chapeaux-de-bono/
– Ateliers d’idéation menés par Caduciel/Unydev

Article proposé par

Camille Verdin
UX/UI designer